samedi, février 26, 2011

L'enfant précoce et la scolarité

L'enfant précoce et la scolarité
Identification et solutions. Dossier réalisé par Christelle Mars, professeur des écoles.
Les enfants doués ne réussissent pas tous à l'école. Beaucoup échouent, beaucoup s'éteignent. Beaucoup trop. Ils sont différents des autres, et l'école n'aime pas les différences.
On considère que la précocité d'un enfant le rend véritablement différent des autres à partir d'un niveau de QI de 125, ce qui correspond approximativement à 5 % de la population. Il faut en déduire que les problèmes liés à cette précocité touchent beaucoup d'enfants (1 à 2 par classe en moyenne) et ne sont nullement exceptionnels.
Les enfants précoces existent dans tous les milieux sociaux. Il y en a dans toutes les écoles, y compris dans les écoles de niveau faible ou classées ZEP. Intelligents mais en échec scolaire : pourquoi ? On sait que beaucoup d'enfants précoces sont en échec scolaire. Je n'ai pas pu trouver de chiffres précis à ce sujet, mais c'est une certitude pour les spécialistes du surdouement. On parle d'1/3 en échec, 1/3 avec une réussite moyenne et 1/3 avec une réussite à la hauteur du potentiel.
Plusieurs cas de figure pour expliquer l'échec :
- l'enfant n'est pas détecté, il s'ennuie en classe, il rêve ou il s'agite, il décroche…
- l'enfant est détecté mais l'école ne lui offre pas ce dont il a besoin pour s'adapter
- détecté ou pas, d'autres facteurs peuvent intervenir : dyslexie ou autres troubles d'origine sensorielle, hyperactivité ( réelle, non liée à l'ennui ), troubles affectifs…
Détecter les enfants précoces et aménager leur scolarité devrait faire partie de notre travail d'enseignants. S'informer est la première étape.

Malheureusement, ce sujet fait rarement partie de la formation dispensée dans les IUFM. Il provoque souvent des réactions épidermiques du style :
- « les surdoués ? C'est une mode, un fantasme des parents ou des médias »
- « peut-être que ça existe, mais je n'en ai jamais eu dans ma classe »
- « s'il est intelligent, il s'en sortira toujours »
- « on a déjà assez de problèmes avec les enfants en difficulté »
Les enfants doués ont souvent besoin d'aide pour réussir à l'école. Il faut tenir compte de leur particularité, sans oublier par ailleurs que ce sont des enfants ( presque ) comme les autres. Ils n'ont pas une grosse tête ou des antennes, ils ne sont pas infaillibles : on ne les repère pas facilement.
Un QI élevé reflètent une intelligence particulière, un mode de fonctionnement différent, des besoins particuliers.
« Ses ailes de géant l"empêchent de marcher » Baudelaire.
Les sauts de classe

Le résultat du test est important, on peut décider d'un ou plusieurs sauts de classe en fonction du QI. Dans le cas où un deuxième ou troisième saut sont envisagés, le psychologue peut calculer le Qi compensé : le QI est calculé avec le barème de l'âge moyen de la classe visée, et non pas l'âge réel de l'enfant.
Les psychologues spécialistes de la précocité recommandent généralement de ne pas dépasser 2 années de maternelle.
L'enrichissement par les activités extrascolaires est une bonne solution pour éviter l'ennui chez un enfant quand un deuxième ou un troisième saut serait souhaitable mais rendu impossible par les circonstances.
La maturité affective de l'enfant correspond généralement à son âge, il va donc se trouver en décalage avec les autres s'il saute plusieurs classes. Mais s'il reste dans sa classe d'âge, c'est son développement intellectuel qui va souffrir. Un unique saut de classe est assez facile à gérer. La décision à prendre est plus difficile pour les autres sauts.
Selon Ariel Adda, le risque de manque de bases ( que l'enfant aurait du apprendre dans sa classe d'origine ) ne se pose pas : il suffira de les lui apprendre une fois pour qu'il les retienne. Pour la première fois de sa vie, l'enfant ne s'ennuie plus. Contrairement à l'enfant non-précoce mais poussé par ses parents, la difficulté va aider l'enfant précoce à s'épanouir.
En cas de doute sur l'utilité ou l'urgence du saut, et si l'équipe enseignante est informée et « bienveillante », une équipe éducative peut permettre de rassembler les parents, les enseignants, le psychologue scolaire - en lien avec un psychologue privé si l'enfant est suivi, le médecin scolaire, parfois aussi l'inspecteur de circonscription.

Pour un saut de classe réussi

Il faut expliquer à l'enfant pourquoi on accélère sa scolarité, il faut réussir à trouver des mots pour lui faire comprendre en quoi il est différent des autres… sans lui donner la « grosse tête ». Il est nécessaire aussi de donner quelques explications aux autres enfants : ceux de sa classe d'âge, qu'il quitte, ceux de sa nouvelle classe.

Le graphisme et plus tard l'écriture sont très souvent problématiques, particulièrement chez les garçons. Il est utile d'adapter la quantité des écrits proposés et de ne pas sanctionner les réponses justes à cause de l'écriture et de la présentation. On ne peut pas non plus tout accepter, mais il faut donner à l'enfant le temps d'apprendre à rédiger proprement, justifier ses résultats, ranger sa trousse et son bureau.

Quelques recommandations pour une pédagogie différenciée adaptée aux enfants précoces :
- mettre à disposition une large gamme de matériel
- organiser des centres d'activités pour les projets personnels des enfants
- offrir des activités attractives pour les enfants qui ont finit plus rapidement leur travail
- incorporer la pensée créative dans la production d'écrits, la résolution de problèmes, l'art plastique…
- évaluer individuellement et donner des moyens d'autoévaluation

La PMEV (Pédagogie de Maîtrise à Effet Variant) est une pédagogie qui permet de gérer une classe très hétérogène. Les différences de niveaux deviennent un enrichissement et non plus un frein à la progression de chacun."
Vous pouvez consulter l'intégralité de l'article à l'adresse suivante :

1 commentaire:

  1. Cette texte apporte une certaine lumière en ce qui concerne certaines difficultés scolaires, et même d'intégration sociale.

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